Bonjour bonjour,
Alors, ça date un peu, mais plus de deux ans plus tard, ça reste encore en travers de la gorge. J'ai travaillé sur le film "Cosmic Jungle" dans la 1ère édition du Laboratoire d'Images. Et depuis 2 ans je me pose la question s'il est possible pour les
esclav... étudiants de faire quelque chose pour réparer un peu les dégâts.
Pour résumer:___________________________________________________1 - Nous avons travaillé (je parle pour ma promo Supinfocom Arles 2011 en tout cas) pour le Laboratoire d'images en novembre et décembre 2009 (certains jusqu'à mi janvier 2010 pour des retakes etc). Période scolaire durant laquelle nous payons nos études. Autrement dit, en plus de travailler gratuitement, nous étions de la main d’œuvre qui payait pour travailler; et qui par conséquent, finançait la production.
2 - Nous n'avons reçu aucune rémunération pour un travail qui était pourtant prévu dès le début pour une exploitation commerciale.
3 - Nous avons dû signer (mi décembre 2009, alors que les films étaient bien avancés) un contrat comportant des clauses selon nous très discutables et nous y étions très invités à le faire, pour ne pas dire contraints, car à trop montrer d'opposition, on pensait évidemment à notre passage en 5ème année et à la façon dont celle-ci se déroulerait (à savoir, avec ou sans bâton dans les roues).
4 - Parmi ces clauses figurait pour nous, les réalisateurs, l'impossibilité de toucher quoi que ce soit de quelconque produit dérivé du film. Seules les diffusions nous rapportent éventuellement des clopinettes (0,0125% en ciné, 0,25% en exploitation en vidéogramme, et encore ça reste très flou, il me semble qu'on doit se partager ça entre les différents réals du film, 4 à 7 réals par film, j'essaierai d'éclaircir ça). Et pour les prix éventuels en festivals: 6% à se partager entre les réalisateurs des films.
5 - Nous avons du nous battre longuement avec l'équipe pédagogique de l'école et la production pour faire disparaitre le 1er carton de générique "Un film de [l'illustrateur]" et le placer en deuxième, après le carton "réalisateurs", sachant que les films étaient des adaptations d'univers graphique. Les illustrateurs ayant plus ou moins contribué aux scénarios selon les films.
6 - Alors que nous étudiants qui avons fait 90% du travail, nous n'avons eu aucune rémunération, les profs de Supinfocom et producteurs qui y ont un peu contribué ont été payés, et plutôt grassement quand on considère par exemple que l'un d'eux qui, pour avoir fait l'étalonnage et le final cut (travail mâché par les étudiants) a été payé 5000 €* en plus de son salaire de Supinfocom. Pendant que certains étudiants empruntent à la banque pour payer l'école. Tout va bien.
(*somme à vérifier, mais c'était bien une grosse somme par rapport au contexte et à la tâche effectuée, un des producteurs nous ayant montré les documents de production, tous les étudiants de ma promotion pourront en témoigner.)7 - Enfin, les fameux coffrets DVD+Livre+Poster qu'on a vu en tête de gondole de plein de librairies, remplis d'images et de dessins de préprod glanés çà et là dans nos fichiers sans notre autorisation et sans même nous l'avoir dit, sur lesquels nous ne touchons absolument rien mais qui ont rempli les poches de pas mal d'autres sur notre dos.
Environ 8000 exemplaires du coffret ont été vendus durant les 3 premières semaines. A 30€ environ le coffret, ça devient intéressant d'arnaquer des étudiants.
(à noter, à la fin du livre du coffret, il y a les photos de nous prises pendant la prod par Christian Janicot et publiées sans aucune autorisation de notre part, un point plutôt contestable je pense)
Chaque étudiant avait droit à un coffret gratuit, en guise de su-sucre et de tap-tap sur la tête. Selon Christian Janicot, l'intérêt de faire ce coffret mis en vente était une forme "de reconnaissance pour les étudiants et pour que leurs parents soient fier"*. Apprécions là un cynisme de haut-"vol" et une grande habileté dans le maniement de l'ironie.
*(discours encore tenu récemment au Futuranima 2013: http://www.animatv.be/movie.php?pageID=28&ln=1 )__________________________________________________________________Maintenant, je me demande si une quelconque action est possible, un recours ou je ne sais pas, pourquoi pas pour réparer cette "arnaque au travail" et surtout pour que ce modèle s'arrête, cesse d'exploiter des étudiants et de prendre le travail des pros.
J'hésite à mettre en ligne le contrat; en tout cas j'aimerais au moins avoir des avis de gens très éclairés sur le sujet juridiquement et éthiquement parlant, pour soulever les points les plus graves de cette histoire et proposer des solutions éventuelles.
Voilà voilà.