MariePaccou a écrit:...D'autre part, l'idée que les courts-métrages étrangers seraient tellement meilleurs que les courts-métrages "enfants gâtés" français, je ne sais pas... c'est prouvé, ça? ou bien c'est une déformation visuelle liée à l'attrait de l'exotisme?
Que le court métrage français (tous genres confondus, ne mégotons pas) soit perçu comme un "enfant gâté", ça ne fait aucun doute. Et à juste titre... Le système d'aide spécifique du CNC est unique au Monde.
Mais on sait tous ça. Qu'une institution file près de 80 000 euro (hors aides annexes) à un projet de film court est assez considérable. Pour nous, de l'intérieur, c'est insuffisant...mais pour un italien, un espagnol ou même un britannique, c'est beaucoup d'argent. Donc, il se fait moins de films dans certains pays que chez nous, et souvent beaucoup moins bien financés...c'est un fait.
Il n'y a (heureusement) aucun lien de cause à effet entre le financement d'un film et ses qualités cinématographiques. Plusieurs exceptions confirment cette règle. Mais on a tendance a être moins indulgent avec un film qui a coûté la peau des noix et qui est une bouze... qu'avec un film excellent, et qui s'est fait envers et contre tout, et sans un sous.
Mais il y aussi des films mal financés, qui sont de sombres bouzes, et qui l'auraient été même avec plein de pognon
En France, la production de courts de PVR est énorme...je n'ai pas les chifres en tête mais c'est plusieurs centaines par an...tous ne passent pas par le CNC, bien entendu.
Quand je regarde, de très près, ce qui se fait en PVR (dénommée crétinement "fiction") je suis assez effondré par la qualité d'un grand nombre d'entre eux: scénarii d'une vacuité absolue et mise en scène médiocre. Très peu d'idées de cinéma et qui méritent d'en faire un film. Bref, les 2/3 de la production de films courts de "fiction" financés par le CNC ne devraient pas l'être. (oui je suis sévère)
Car c'est mécaniquement au détriment des autres...
L'autre soucis préoccupant c'est qu'il n'y a quasi aucun films de "genre" qui transitent par ce système!..exit la SF, la comédie, le fantastique, l'épouvante etc... mais où sont passés ces genres?...mystère.
Le psychodrame règne en maître. Y aurait-il un genre plus noble que les autres ? On pourrait le croire...et c'est consternant. Certains disent que c'est culturel, une spécificité française...je n'y crois pas trop.
Mais une journée à la FEMIS suffit à se poser la question.
Par contre, ces films de "genre" sont souvent présents dans les cinématographies d'autres pays....c'est, peut être ce qui les rends si remarquables pour certains?...je ne sais pas.
Bref, ne pas produire autant de films de PVR avec une typologie strictement monomaniaque, permettrai de financer beaucoup mieux ceux qui sont réellement intéressants et innovants (tous genres confondus).
Et financer mieux, ça veut pas forcément dire des moyens techniques hollywoodiens... ça veut dire aussi prendre mieux en charge le travail d'écriture et de préparation qui seraient souvent de meilleure qualité. Permettre à des auteurs de vivre correctement pendant le temps de l'écriture et du scénario.Un vrai financement de la pré prod. Et mieux payer les gens pendant la fabrication.
Ça permettrai surtout aussi de mieux financer l'animation et de ré équilibrer les différences existantes avec cette PVR monothématique.
Il est inacceptable de filer plus de pognon à un type de films qui nécessitent en moyenne 1 à 2 semaines de tournage alors que l'anim nécessite en moyenne une année de boulot à temps complet avec plusieurs personnes pour arriver à faire un film digne de ce nom.
Je n'ai jamais compris cette inadéquation avec une vraie réalité de production. Influences?..idéologies?..incompétences?... tout est possible.
Quoi qu'il en soit, les projets d'anim devraient avoir plus que la PVR à durée égale. Mais c'est toujours pas gagné.